As-tu déjà eu une soirée funky où tu te sentais magnétique et où les aventures semblaient se multiplier d’une étrange façon? What’s up, moi c’est Jeffrey. Laisse-moi te raconter la soirée où j’ai goûté pour la première fois au petit carton multicolore…
Bon, un peu de contexte pour commencer. Moi et Alexandra, après beaucoup d’effort en vain, on venait de mettre fin à notre relation d’un commun accord. Tous deux triste, car même si on n’était peut-être pas fait pour être ensemble, on s’aimait quand même beaucoup l’un et l’autre. Ayant l’intention de rester amis car notre connexion était solide, nous avons décidé, malgré tout, d’aller tripper à l’Igloofest ensemble.
OK let’s Go! Vêtu de mon one-piece fluo fuckin’ epic style années 80, Alexandra avec un jacket fluo oldschool et un chapeau funky, on se dirige vers le vieux port de Montréal.
Étrangement, sans même s’en parler, on dirait qu’on a tous les deux eu le réflexe de mettre en standby la lourdeur de notre rupture et créer comme une espèce de brèche temporelle afin de vivre pleinement le moment présent. Sans trop réfléchir; comme si de rien n’était. Une fois stationné, je spot un petit parc sombre & discret. L’endroit sera parfait pour partager les petits bouts de cartons que j’avais amenés. Alex étant une trippeuse de nature, elle était partante pour expérimenter le LSD avec moi pour la première fois ce soir. Est-ce que les circonstances sont idéales pour un 1er trip? Non, vraiment pas! Mais l’important c’est qu’on soit ensemble. On se fait confiance et, peu importe ce qui arrivera, on sait qu’on va se backer.
Le minuscule bout de carton est à présent sur nos langues. There’s no coming back now! On sort du p’tit spot creeper pour marcher en direction du festival. Une belle soirée d’hiver, quelques flocons qui tombent du ciel, l’ambiance est déjà spéciale. Un peu froid, mais heureusement on est full equip. Mitaines, cache-cou, j’ai même des goggle de snow. TK on est all-dressed!
On rentre officiellement sur le site. L’atmosphère est électrisante, c’est la première fois que je vis un festival de musique à l’extérieur en plein hiver. C’est épique! On se dirige aussitôt dans la foule pour retrouver nos amis. Après un certain temps à danser en bonne compagnie, je me sens un peu différent.
Je sens mes perceptions qui commencent tranquillement à shifter…
Le buzz est creeper. Il s’invite sournoisement dans mon esprit; il marche doucement, sur la pointe des pieds. Mon sourire grandit au même rythme que l’effet qui grimpe furtivement en intensité. Un sourire authentique, une vibe de bonheur que je rayonne à un mille à la ronde. Son expression ne semble pas négociable; j’ai le smile étampé dans_face! Je me sens bien, c’est si pure. Je vis là; maintenant; l’instant; le présent. Je ne suis plus dans ma tête, je vis l’expérience en live. Je me sens léger. Je me sens libéré. Je me sens magnétik!
Je dit à Alexandra: “Hey, j’ai l’impression que tout le monde me check…”
Comme d’habitude, elle pense que je paranoïe: “Ben voyons ha ha, tu capotes!”
Two seconds later…
Random chick: “Hey salut, est-ce qu’on peut prendre une photo avec toi?!”
Moi: “Hummm why not!”
Le timing incroyable ha ha! Qui sait, peut-être qu’Alex va finir par arrêter de penser que je m’imagine des trucs XD!
On se dirige vers un feu extérieur dans le but d’aller réchauffer nos mains. Il y a quand même beaucoup de monde, on enlève nos mitaines tsé, on jase un peu. Après quelques minutes, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche… Je ressens comme un inconfort quelconque. Je suis confus, je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Mais quelle est cette mystérieuse sensation? Ho shit, j’ai la fumée du feu direct dans_face et je respire ça depuis tantôt. Wow, what the fuck?! C’est là que je comprends qu’il faut que je fasse attention car même mes instincts de base sont tweakés. Damn, jme sens pas comme un fin renard drète-là! Ça explique peut-être les quelques regards intrigués que mes yeux ont croisés autour du feu… Tk, je propose à Alex de changer “d’air”.
On se dirige donc vers une curieuse petite pièce remplie de sécheuses. On dirait qu’on peut faire sécher nos gants ou autres vêtements et c’est “gratuit”. Aussitôt entré, physiquement ça fait du bien d’avoir un peu de chaleur, mais je me sens malaisé et crispé. Ouff, c’est lourd. On comprend rapidement que tout ça est commandité par une compagnie d’assurance quelconque. La vibe est weird. Il y a des vendeurs partout avec des papiers à remplir pour avoir une soumission et des pots prévus pour donner du pourboire. Dégueux. Après quelques minutes qui me parurent l’éternité, je souffle tendrement à l’oreille d’Alex: “On décôlisse-tu d’icitte?!”.
Aussitôt passé le seuil de la porte, c’est comme si j’avais laissé tomber un sac à dos contenant une demi-douzaine de Bibles King James. Libération ultime. “Mødafuckäz I’m back!” Mon sourire est fièrement réinstallé sur mon visage d’illuminé et je suis prêt pour la suite.
Sans dire un seul mot, Alexandra part soudainement vers je ne sais où en gambadant comme un petit lutin frivole. Je la suis aussitôt sans me poser de questions. Elle est agile; elle est rapide. Elle ne m’attend pas, je sautille partout et slalom entre les gens pour la garder en vue. C’est un jeu??? C’est inhabituel. C’est l’fun! Let’s Go. On gambade comme des bébés Shiba Inu qui découvrent la vie pour la première fois. Je nous sens connecté comme jamais. On n’a pas besoin de se parler et on se déplace ensemble à toute vitesse. Armé d’une agilité sans pareil, on évite des obstacles, on se faufile, on fait des 360°. Mais où va-t-on? Aucune idée. C’est mon lutin qui décide. La seule chose que je sais c’est que j’y vais avec! On a probablement l’air bizarre, mais dans le moment je ne me soucie aucunement de l’opinion des autres. Maudit que ça fait du bien de sortir de ma tête et JUSTE VIVRE. Juste vivre ma vie, là, maintenant.
Quelques instants plus tard, on est de retour en plein milieu de la foule avec nos amis. On danse wild en sautant dans les airs au rythme de la musique électronique. On trip solide, c’est intense! On se fait brasser pas mal par la foule qui me semble solidement réchauffée par l’alcool. Personnellement, je commence à trouver ça un peu overwhelming pour mon état, mais c’est encore correct tsé, juste sur la limite. Et puis, sans crier gare, nos regards se croisent… on se prend instinctivement dans nos bras. Au milieu du chaos, nous 2, collé l’un contre l’autre. Une bulle de sérénité nous enveloppe; nous protège. Je ressens un calme intérieur aussitôt m’envahir; un sentiment de paix et de bien-être puissant. Le temps semble s’être arrêté. Impossible à dire combien de secondes, voir même minutes, ce moment à duré. Ce que je sais, par contre, c’est que jusqu’ici dans ma vie, c’est le hug le plus magique que j’ai jamais vécu. Je vais m’en rappeler toute ma vie.
Nos amis étaient au courant de notre récente rupture amoureuse et ils semblaient 100% confus. Avec raison ha ha! En cette soirée spéciale, moi et Alexandra on était dans une bulle; notre bulle. Quelle expérience…
Boom! Sans avertissement, Alex repart de nouveau vers une destination inconnue en gambadant frénétiquement autour des festivaliers. Je la suis sans hésiter. “Et c’est reparti!” Nous voilà qui atterrit à un endroit plus tranquille, là où se trouve une panoplie de food trucks de tous genres.
SMACK! Une sensation brusque me surprend au niveau des fesses…
Je me retourne et, on dirait bien qu’un dude m’a donné un coup de pied au cul! Wow, that’s weird. Cinq secondes de confusion s’installent dans mon esprit et, rendu à la sixième, tout ça est déjà derrière moi. Je laisse aller et je continue mon chemin avec ma fidèle acolyte vers la prochaine aventure. C’est fou comment rien ne peut gâcher ma joie en ce moment.
Alexandra: “Jeffrey, jsuis pas sûr, mais jpense que j’ai faim…”
On fait donc le tour des food trucks et, malgré l’impressionnante quantité de choix de fine cuisine santé à notre disposition, la seule chose qui lui tente c’est… une banane. Déçu, Alex est un peu découragée car il semble n’y avoir aucun fruits présents à l’appel. J’ai une idée, je lui propose d’aller au stand de Queues de Castor car d’après moi ils en ont. On arrive là et elle lui demande pour avoir une banane. Le dude a l’air un peu embêté et lui dit que, malheureusement, il ne pense pas qu’il peut faire ça…
Je lui shoot straight up:
“Yø t’as des bananes, nous on a de l’argent.”
Guess what?! On est reparti avec une banane ha ha!
La fin de soirée arrive et j’ai l’impression que l’effet s’estompe peu à peu. On revient vers la voiture. On est brûlé ben raide, c’était drainant tout ça! On décide donc de partir en direction de la maison. Quarante-cinq minutes de char nous sépare du confort enveloppant de notre lit king. Je start le moteur et décolle. Après seulement 20 secondes, on entre dans un tunnel sous-terrain éclairé avec des lumières incandescantes jaunes-oranges. Je remarque que plusieurs dales au bas des murs sont effrittées voir carrément manquantes. Au fur et à mesure qu’on avance, les ampoules fonctionnelles se raréfient et l’ambiance du tunnel s’assombrit graduellement pour devenir de plus en plus glauque. J’ai l’impression qu’on s’enfonce dans un abîme malveillant. Un sentiment de frayeur m’envahit soudainement et fait frissonner mon corps en entier. Merde! Jsuis encore ben buzzé; fuckin’ trop buzzé même. Mais kèce que j’ai faite là??? Jsuis dans un tunnel, jpeux pas juste m’arrêter…
There’s no turning back, faut k’je gère.
Je déploie tous mes efforts restant pour garder ma concentration sur la route, mais c’est vraiment too much à gérer pour mon pauvre brain. Une fois sorti du tunnel, je me rend à l’évidence que j’ai besoin d’aide, et ça presse.
Je dis à Alex d’un ton relax: “Hummm, j’aurais peut-être besoin de toi pour m’aider à conduire, je rush un peu là…”
Elle rit un peu, ne se rendant pas compte de l’état de son chauffeur.
“Alex! Jsuis sérieux, chu fuckin’ plus high que jpensais, j’ai vraiment besoin d’toi.”
“Oh shit, kèce qui faut que jfasse?”
“T’es ma 2e tête, tu me guides pis tu me check pour être sûr que je reste dans ma voie.”
OK, qu’elle répond, l’air un peu inquiète. Elle qui a l’habitude d’avoir une confiance absolue lorsque je suis au volant.
J’ai de la misère à garder mon focus sur la route. On dirait que j’oublie que je suis au volant, ça donne l’effet d’un jeu vidéo. Tout mon être combat ardemment pour rester ancrer dans la réalité et nous ramener sains & saufs à la maison. Ma copilote est solide; elle garde son calme et reste à l’affût. On a toujours été un bon team.
Bon, on sort de l’autoroute, il ne reste que 5 minutes avant qu’on arrive. Je suis tendu au max, je ne veux pas faire une erreur si près du but. Ouff, enfin je stationne l’auto dans notre entrée. Je laisse échapper un soupir de soulagement. Hishhh, pas trop fier de moi sur ce coup-là…
Un silence de glace prend place avec nous dans l’habitacle de la voiture. D’un mouvement de poignet exténué, je ferme le moteur et regarde ma co-pilote droit dans les yeux:
“Cette ride de char-là doit rester entre nous deux…”
Elle acquiesça d’un signe de tête.